Experts Nuléaires: Une Déconstruction



Chris Busby

Depuis l'accident de Fukushima , nous avons vu se succéder une kyrielle d'experts nous demandant de ne pas nous inquiéter, nous disant que les doses sont trop basses pour cela, que l'accident n'est en rien comme celui de Tchernobyl, etc. Ils apparaissent à la télévision et nous lisons leurs articles dans les journaux et en ligne. Fort heureusement, la majorité de l'opinion publique ne les croit pas.

Je suis moi-même apparu à la télévision aux côtés de ces gens. Un exemple fut Ian Fells, de l'Université de Newcastle racontant, après avoir soutenu sur BBC News que l'accident n'était en rien comparable à celui de Tchernobyl (ce qui est faux), et que les niveaux de radiations étaient sans conséquences (ce qui également faux) , que le problème principal était que les ascenseurs ne fonctionnaient plus. « S'il vous est arrivé d'être, comme moi, dans une situation où les acsenseurs ne fonctionnent pas », se laissait-il aller à ajouter, « vous comprendrez de quoi je parle ».

Ce que tous ces gens ont en commun est leur ignorance. On serait en droit de penser qu'un professeur d'université connaît son sujet. Mais ce n'est pas le cas. Presque tous ces experts qui se montrent et pontifient n'ont en fait effectué aucune recherche à propos des radiations et de leurs effets sur la santé. Ou alors, s'il l'ont fait, ils semblent être passés à côté des données et des références essentielles.
Je laisse de côté les plus mauvais élèves, ceux qui sont liés à l'industrie nucléaire, comme Richard Wakeford, ou plutôt Richard D, comme il a choisi de s'appeler sur le site web qu'il a mis sur pied pour m'attaquer, « chrisbusbyexposed ».

Je l'ai vu intervenir plusieurs fois à la télévision avec pour sous-titre « Professeur Richard Wakeford, University of Manchester » . Au fait, Wakeford est un physicien, son PhD fut obtenu en Physique des Particules à Liverpool. Mais il n'a pas été présenté en tant que « ex-Théoricien auprès de British Fuel à Sellafield » . Cela peut avoir donné aux téléspectateurs une fausse impression. Avant cela, nous avions vu un autre mauvais élève, Malcom Grimston, intervenant à propos des radiations et de leurs effets sur la santé, présenté sous le titre de « Professeur à l'Imperial College ». Grismeton est en fait un psychologue, et non pas un scientifique, et son champ de compétence était les causes des craintes de l'opinion publique vis-à-vis des radiations, et les moyens d'agir sur leur manière « émotive » de voir les choses. Mais son déficit de compétence scientifique ne l'a nullement empêché d'expliquer à la radio et à la télévision en quoi il n'y avait rien à craindre de l'accident de Fukushima. Les doses étaient trop basses, même pas aussi mauvaises que celles de Three-Mile Island, tout juste au niveau 4, le bla-bla habituel.
Plus récemment, nous avons vu Georges Monbiot, que je connais, qui ne connaît rien non plus aux radiations et à leur effet sur la santé, écrivant dans The Guardian en quoi l'accident avait changé sa vision de l'énergie nucléaire (était-ce une manifestation de son « instant Kirkegard » ? a-t-il craqué ? ») puisqu'il comprend à présent (et qu'il va même jusqu'à reproduire un graphique criminel à l'appui de sa démonstration) que les radiations sont en fait tout-à-fait OK et que nous ne devrions pas nous faire de souci à cause d'elles. Pourtant Georges en sait plus, ou du moins il devrait en savoir plus, puisqu'il m'avat demandé il y a quelques années en quoi radiations internes et radiations extrernes ne pouvaient pas être prises en compte comme ayant les mêmes effets. Il a choisi d'ignorer ce que je lui avais dit, et a préféré écrire en son nom (avec références) et a derechef réapparu favorable au nucléaire dans son article suivant.

Alors quid de Wade Allison ? Wade est spécialiste de médecine nucléaire et Professeur à Oxford. J'ai choisi de lui consacrer quelques lignes, car il symbolise et cristallise pour nous les arguments du physicien stupide. Il nous rend service, ce faisant, car il constitue vraiment une cible facile. Tous les arguments sont rassemblés en un point. Physiciens stupides ? Ne vous y trompez pas, les physiciens sont stupides. Ils se rendent stupides par une croyance mystique en des modèles mathématiques. Le bon vieux piège de la logique positiviste de Bertie Russel . Et, alors qu'ils peuvent être appropriés pour évaluer le stress induit dans du métal, ou encore pour ce qui concerne l'Univers (encore qu'il faille noter qu'ils semblent avoir perdu 90% de l'Univers, le fameux « matière noire »), ils ne sont pas appropriés, et même incorrects à un point effrayant appliqués aux stress chez les humains et autres êtres vivants. Mary Midgley, la philosophe, a écrit à propos de la Science comme Religion. Eh bien, les médecins nucléaires en sont les prêtres. J'ai pris la peine de regarder de plus près l'article de Wade Allison pour la BBC, mais aussi son livre, il y a quelques mois. Il commence comme tous les autres, en comparant les accidents. Il écrit :
« Plus de 10 000 personnes sont mortes dans le tsunami du Japon, et les survivants ont froid et faim. Mais les medias se focalisent sur les radiations nucléaires, dont personne n'est mort et dont il est improbable que personne ne mourra »;

puis on passe à Three Mile Island: « aucun mort dont nous ayons connaissance »;

puis à Tchernobyl:
«Le dernier rapport de l'ONU , publié le 28 Février, confirme un nombre de morts connus de 28 parmi les travailleurs de la sécurité, et de 15 cas fatals de cancer de la thyroïde chez des enfants qui auraient pu être évités si l'on avait disrtibué des pastilles d'iode (comme c'est le cas maintenant au Japon)»

C'est d'une ignorance à couper le souffle.Le Professeur Steve Wing, aux USA, a mené une enquête épidémiologique sur les effets de Three Mile Island, avec à la clé des résultats publiés dans des revues à comité de lecture. Des procédures juridiques sont régulièrement tranchées sur la base des données cancérologiques mises en évidence suite à la contamination de Three Mile Island.
Mais passons à Tchernobyl. Les effets de l'accident de Tchernobyl sont massifs et démontrables. Ils ont été étudiés par de nombreux groupes de recherche en Russie, en Belarus, en Ukraine, aux USA, en Grèce, en Allemagne, en Suède, en Suisse et au Japon. La matière publiée dans des revues scientifiques à comité de lecture est énorme.Des centaines d'articles témoignent des effets, de l'augmentation du nombre des cancers de même que d'un large spectre d'autres maladies.
Mon collègue Alexey Iablokov, de l'Académie des Sciences Russe, a publié une synthèse de ces études dans les Annales de l'Académie des Sciences de New York(2009). Avant cela, en 2006, lui et moi avions collecté des reviews de la littérature russe sur cette question, produites par un groupe de scientifiques éminents et publiés dans le livreTchernobyl, 20 ans après. Le résultat : plus d'un million de personnes sont mortes entre 1986 et 2004 comme conséquence directe de Tchernobyl.

Je vais maintenant me référer brièvement à 2 études occidentales de Tchernobyl qui invalident les assertions de Wade Allison.
La première est une étude des cas de cancer dans le Nord de la Suède menée par Martin Tondel et ses collègues de l'Université de Lynköping. Tondel a examiné les taux de cancer par niveau de contamination et a mis en évidence que dans les 10 ans suivant la contamination par Tchernobyl de la Suède, on a assisté à une augmentation de 11% des cancers pour chaque unité de 100Bq par mètre carré de contamination. Etant donné que les chiffres de l'AIEA pour la contamination du site de Fukushima sont de 200 à 900 kBq/m2 jusqu'à 78 Km du site, nous pouvons nous attendre à une augmentation de 22% à 90% des cas de cancers chez les personnes vivant dans ce périmètre au cours des 10 prochaines années.
La seconde étude à laquelle j'aimerais me réferer est celle que j'ai menée moi-même. Après Tchernobyl, des cas de leucémie infantile ont été relevés dans 6 pays et effectués par 6 groupes différents : d'Ecosse, de Grèce, du Pays de Galles, d'Allemagne, de Belarus et des USA. Les augmentations n'ont été notées que chez les enfants en gestation au moment où est survenu la contamination : cette spécificité est rare en matière d'épidémiologie. Il n'y a pas d'autres explication que Tchernobyl. Les leucémies ne peuvent pas être mises sur le compte d'un virus inconnu ou d'un échange avec d'autres populations, ce qui est l'explication préférentielle pour les clusters de leucémie infantiles. Il n'y a pas d'échange avec d'autres populations in utero. Et pourtant les «doses» étaient très faibles, bien plus basses que le «bruit de fond naturel». J'ai donc publié cette preuve indubitable qui démontre que le modèle actuel simulant le risque s'avère faux pour ce qui est de l'exposition interne, et ce dans 2 revues, en 2000 et en 2009. Cette découverte a, de fait, débouché sur la création par le Ministre de l'Environnement Michael Meacher d'un nouveau Comité chargé de l'Examen des Risques d'Emission Internes (CERRIE). Richard Wakeford siègeait dans ce comité en tant que représentant de BNFL et s'est présenté à moi comme «le Rottweiler de BNFL». Aucun changement, là non plus.

Wade aborde ensuite une comparaison de contaminations:

«Qu’en est-il, donc, de la radioactivité relâchée à Fukushima ? En quoi est-elle comparable à celle de Tchernobyl ? Regardons les données chiffrées. Le taux le plus élevé relevé à 19h le 22 Mars, toutes préfectures confondues, était de 12kBq/m2 (pour l'isotope radioactif du césium, le césium 137).

Une carte de Tchernobyl du Rapport de l'ONU montrant les régions hachurées correspondant à des taux allant jusqu'à 3 700 kBq/m2 dans certaines zones, et non hacurées là où les taux sont inférieurs à 37 kBq/m2. En termes simples, cela signifie que les retombées radiactives de Fukushima équivalent à moins d' 1% de celles de Tchernobyl.»

Mais l'AIEA elle-même, qui n'est pourtant pas particulièrement connue pour son indépendance de l'industrie nucléaire, rapporte que les niveaux de contamination jusqu'à 78 Km étaient de 200 et 900 kBq/m2. Et Wade s'est montré particulièrement sélectif dans les données qu'il a retenues, pour rester correct.
La définition que donnent les Nations Unies d'un territoire contaminé correspond à un critère de 37 kBq/m2, comme il l'écrit, mais sur toutes les cartes publiées, les périmètres j s, y, pspu d, la zone d'exclusion contaminée des 30 km est définie par 555 kBq/m2 et au-delà. Cela est un fait. Pourquoi nous a-t-il induits en erreur ? Au passage, cela signifie qu'il y a 555 000 désintégrations radioactives par seconde pour un mètre carré de surface. Pouvez-vous croire, vous, que cela puisse être sans danger ? Non. Et vous avez raison.
Et un autre calcul peut être fait. Puisque les données de l'AIEA montrent que ces niveaux de contamination de 200 000 à 900 000 désintégrations par seconde par mètre carré existent jusqu'à 78 Km de Fukushima, cela nous permet déjà de calculer que la contamination est en fait pire que celle de Tchernobyl, et non pas moins de 1% de celle de Tchernobyl, comme Wade l'affirme. Car l'aire définie par un rayon de 78 Km donne donne une surface 19 113 Km2, comparée à la zone d'exclusion de Tchernobyl qui ne couvre que 2 827 Km2. Soit 7 fois moins.

J'en viens maintenant aux effets sanitaires. Wade nous sert la plupart des arguments habituels utilisés par les physiciens bêtes. Nous sommes tous exposés à un bruit de fond naturel dont la dose est de 2mSv/an et les doses relevées lors de l'accident ne sont pas significativement plus élevées que ce niveau. Par exemple, le Gouvernement japonais commet apparemment une erreur lorsqu'il demande aux gens de ne pas donner de l'eau contaminée à l'iode 131 à hauteur de 200Bq/litre à leurs enfants, puisqu'il existe un taux naturel de radiation dans le corps humain de 50Bq/l, et que donc 200 ne pourront pas faire beaucoup de mal. L'erreur est commise à cause des craintes de l'opinion publique, qui a apparemment contraint la Commission de Radioprotection, ICRP, à fixer la dose annuelle à 1mSv. Mais Wade, lui, sait mieux ce qu'il devrait en être, il fixerait la limite à 100mSv. C'est un vrai dur. Il dégaine de son ceinturon :

«les patients qui suivent une radiothérapie reçoivent généralement une dose de plus de 20 000 mSv appliquée à des tissus vitaux proches de la tumeur traitée. Ces tissus ne survivent que parce que la dose est répartie sur un grad nombre de jours, ce qui donne le temps aux cellules saines de se restaurer ou de se remplacer. Un changement de point de vue est nécessaire dans notre attitude vis-à-vis des radiations, à commencer par l'éducation et l'information du grand public.»

Mais, mon Cher Wade, ces gens sont d'habitude assez âgés, et ils décèdent habituellement avant d'avoir pu développer une seconde tumeur. Il y a des centaines d'études pour corroborer cela. Et de toutes façons, cette irradiation externe n'est pas le problème. Le problème, c'est l'irradiation interne. L'iode 131 n'est pas répartie dans tout le corps, elle se trouve dans la glande thyroïde et s'attache aussi aux cellules sanguines : d'où les cancers de la thyroïde et les leucémies. Et il existe toute une liste d'éléments radioactifs qui se fixent à l'ADN, du Strontium-90 à l'Uranium. Le corps humain n'est pas une vulgaire éprouvette que l’on soumettrait à des contraintes physiques. Le concept de dose qu'utilise Wade ne peut être utilisé pour les expositions internes. L'ICRP en a convenu elle-même dans ses publications. Et dans une interview qu'il m'a accordée en 2009, le Dr Jack Valentin, ex-Secrétaire Scientifique de l'ICRP, l'a concédé, allant même jusqu'à faire une déclaration selon laquelle le modèle de risque, celui qu'utilisent tous les gouvernements pour évaluer les effets des accidents tels que celui de Fukushima, n'était pas sûr et ne pouvait pas être utilisé.

Et pourquoi le modèle de l'ICRP n'est-il pas sûr ? Parce qu'il est basé sur la «dose absorbée». Soit un taux de radiations moyen exprimé en Joules divisé par la masse de tissus vivants à laquelle elle est appliquée. 1 milliSievert est 1 milliJoule d'énergie dilué dans 1 Kg de tissus. Et en tant que tel, il ne fait pas de différence entre vous prévenir que vous faites face à un feu, et vous avertir que vous êtes en train de manger un morceau de charbon ardent. C'est la distribution locale d'énergie, qui est le problème. La dose délivrée par une seule et unique particule alpha à une cellule est de 500mSv ! Tandis que la dose de cette même particule pour tout le corps est de 5 x 10-11 mSv. C'est-à-dire 0.000000000005mSv. Mais c'est la dose appliquée à la cellule, qui cause les dommages génétiques et le cancer. Le taux de cancers par dose utilisé par ICRP est basé entièrement sur une irradiation massive aigüe de type Hiroshima, où l'irradiation moyenne par cellule était la même pour l'ensemble des cellules.

Et quid des Nations Unies et de leur déclarations à l'emporte-pièce à propos des effets de Tchernobyl auxquels Wade se réfère ? Ce qu'il faut que vous sachiez, c'est que les organes des Nations Unies qui s'occupent d'irradiation et de santé sont compromis par leur biais en faveur du complexe nucléaire militaire, qui était occupé à tester des bombes à hydrogènes dans l'atmosphère au moment de l'accord, et à relâcher tout le Strontium, le Césium, l'Uranium et le Plutonium et autres matières qui devaient être à l'origine de l'épidémie actuelle et croissante de cancers. Et la dernière des choses qu'ils auraient voulu aurait été de voir des médecins et des épidémiologistes les empêcher de faire joujou. L'AIEA et l'Organisation Mondiale de la Santé (WHO ou OMS), ont signé un accord en 1959 pour éliminer toute vélléité de recherche des médecins de l'OMS, des scientifiques nucléaires, des physiciens de l'AIEA : cet accord est toujours en vigueur. Les Nations Unies ne se réfèrent pas, ni ne citent la moindre étude scientifique qui réfuterait leurs affirmations sur Tchernobyl. Il y a un immense fossé entre le tableau que nous donnent à voir les Nations Unies, l'AIEA, l'ICRP, et le monde réel. Et le monde réel est de plus en plus étudié, et de plus en plus de rapports sont publiés dans la littérature scientifique : mais aucune des autorités responsables des citoyens ne prend bonne note de ces preuves.

Comme on dit dans le métro de Londres : «mind the gap» («attention à la marche/l'écart»).

C'est précisément ce que devraient faire Wade Allison et les autres experts auxquels je viens de me réfèrer, dans leur propre intérêt. Car s'il existe un endroit où ce vide est en train de se combler aussi rapidement que brutalement, c'est dans les tribunaux. Je me suis porté expert dans plus de 40 dossiers impliquant irradiation et effects sur la santé. Ces dossiers comprennent des cas d'anciens combattants ayant subi des essais nucléaires et qui poursuivent le Gouvernement de Grande-Bretagne pour exposition lors de ces essais sur les sites, qui ont causé des cancers ; ils incluent des cas de pollution radioactives ; des cas d'exposition dans les conditions de travail ; des cas de retombées suite à un usage d'armes à l'Uranium appauvri. Et ces cas ont été autant de dossiers plaidés avec succès. Tous. Parce que dans un tribunal, face à un juge et un jury, des gens comme Wade Allison et George Montbiot ne tiendraient pas 2 minutes. Parce que devant un tribunal, tout repose sur les preuves. Et non pas sur du bluff.

Joseph Conrad a écrit : «une fois que le fracas des cris est retombé, le silence sinistre des faits, reste». Je pense que ces experts-bidons sont des criminels irresponsables, puisque leurs conseils conduiront à des millions de morts. Je me prends à espérer qu'à un moment ou à un autre, dans l'avenir, je puisse être appelé en tant qu'expert dans une autre affaire, une affaire dans laquelle Wade Allison ou George, ou mon bon vieux copain Richard Wakeford (qui sait tout mieux que tout le monde) seraient accusés devant un tribunal de malhonnêteté scientifique induisant des cancers chez de pauvres victimes qui ont eu le tort de suivre leurs conseils. Et quand ils auront été jugé coupables, j'espère qu'ils seront envoyés en prison, où ils auront tout le temps de prendre connaissance des preuves scientifiques démontrant que leurs conseils étaient mathématiquement fondés sur du vent.

En attendant, je mets au défi chacun d'entre eux de venir débattre de cette question avec moi en public à la télévision, face à face, de manière à ce que les gens puissent se faire une idée de qui a raison et de qui a tort. Car à la fin de sa vie, le Pr John Gofman, une figure éminente de la Commission à l'Energie Nucléaire des Etats-Unis, jusqu'à ce qu'il ait vu ce qui se passait et démissionné, avait prononcé cette phrase restes célèbre : «L'énergie nucléaire mène une guerre contre l'Humanité».
Cette guerre est à présent entrée dans une phase finale qui décidera de la survie de la race humaine. Pas du fait d'une guerre nucléaire impromptue. Mais du fait d'une guerre continue et incrementale qui commença dans les années 1940 avec les relâchements dans l'atmosphère de toutes les retombées des essais nucléaires atmosphériques, et qui se poursuivit inexorablement depuis lors avec Windscale, Kyshtym, Three Mile Island, Tchernobyl, Hanford, Sellafield, La Hague, l'Irak, Fukushima, traînant derrière eux leurs augmentations de taux de cancers et leurs atteintes à la fertilité de la race humaine.

Il y a un fossé entre eux, et nous. Entre les scientifiques-bidons, et le public, qui ne croit pas ce qu'ils disent. Entre ceux qui sont employés et payés pour nous protéger de la pollution radioactive, et ceux qui meurent de ses conséquences. Entre ceux qui dénigrent ce qui est de toute évidence le plus grand scandale de santé publique dans l'Histoire humaine, et les faits qu'ils ignorent.

Attention au fossé, oui, vraiment.


Chris Busby est Secrétaire Scientifique du European Committee on Radiation Risk. Il est Professeur invité auprès de l'Université de l'Ulster et également Chercheur invité auprès de l'Institut Allemand d'Agriculture Fédérale de Braunschweig (Allemagne).
Il a été membre du Comité britannique Committee Examining Radiation Risk on Internal Emitters CERRIE et du MoD Depleted Uranium Oversight Board (Bureau de Supervision Uranium Appauvri du Ministre de la Défense).
Il a été responsable de l'interface Réseau d'Information Science & Politique sur la Santé Infantile & l'Environnement basé aux Pays-Bas.
Il a été porte-parole du parti Vert d'Angleterre et du Pays de Galles.
Il a mené des recherches fondamentales sur les effets sanitaires des radiations internes tant d'un point de vue théorique, que d'un point de vue épidémiologique, y compris sur les effets géno-toxiques de l'élément Uranium.