
Solange Fernex
Dogme ou recherche de la vérité?
Par Solange Fernex - Présidente de WILPF France (Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté), élue “verte” députée au
Parlement Européen en 1989.
Quinze ans après Tchernobyl, le monde scientifique, ainsi que les Nations-Unies sont profondément divisés sur les conséquences
sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl…
D'après l'UNSCEAR
Il n'y a “jusqu'ici ni augmentation des malformations congénitales, ni enfants mort-nés ou prématurés, pouvant être attribués à
l'exposition aux rayonnements suite à l'accident” (paragraphe 383).
- “ On n'a pas observé d'augmentation globale de l'incidence des cancers pouvant être attribuée à l'exposition aux rayonnements ”
(paragraphe 413) ;
- “ Le risque des leucémies, l'un des indicateurs les plus sensibles de l'exposition aux rayonnements, n'a pas augmenté, même
pas chez les ouvriers responsables de la remise en état (liquidateurs), ni chez les enfants ” (paragraphe 413) ;
- “ Du point radiologique et sur la base de l'analyse de cette annexe, on peut considérer que, du point de vue de la santé,
un avenir positif attend la plupart des individus (de la région de Tchernobyl) ” (paragraphe 421).
A l'opposé, le rapport de l'OCHA sur Tchernobyl, rapport qualifié par l'UNSCEAR de “dépourvu de toute base scientifique” et “provoquant
inutilement la panique”, la situation est très sérieuse et nécessite une aide immédiate de la communauté mondiale.
Dans sa préface, Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations-Unies écrit : “… Le nombre exact des victimes ne sera peut-être jamais connu. Mais
trois millions d'enfants ont besoin de traitements médicaux et ce ne sera pas avant 2016, au plus tôt, que l'on connaîtra le véritable nombre de ceux
qui risquent de souffrir de problèmes de santé majeurs… Quand ils atteindront l'âge adulte, leur vie risque bien d'être anéantie à cause de cet
événement, qui déjà altéré leur jeunesse. Nombreux sont ceux qui mourront prématurément. Pouvons- nous les laisser vivre et mourir, estimant que le
monde est indifférent à leur situation dramatique ? ”
- Le rapport de l'UNSCEAR a été sévèrement critiqué par les délégations de l'Ukraine et du Bélarus, lors de l'Assemblée Générale des
Nations Unies. Néanmoins, il a été adopté sans vote le 8 décembre 2000.
- Le délégué de l'UNSCEAR, le Dr. Gentner, expliquait le 4 juin à Kiev, que l'UNSCEAR ne retient que des études “standard” et “peer-reviewed”,
ce qui signifie “validées par des pairs”. Toute autre recherche est rejetée. Selon ses propres termes, “ces pairs sont les experts des laboratoires
de Los Alamos et du “Commissariat à l'Energie Atomique (CEA- France)”.
- Cela montre bien que la recherche scientifique est dominée par des conflits d'intérêts. Il est interdit de remettre en question le dogme de
l'innocuité des rayonnements ionisants. Ce sont des groupes de recherche pronucléaires, ceux qui développent la “bombe” ou ceux qui ont des intérêts
commerciaux dans l'énergie électrique, qui décident, au nom de la communauté mondiale, et en dépit de toutes les preuves contradictoires, que
Tchernobyl offre “une perspective d'avenir généralement positive du point de vue radiologique”.
- Ceci a de très lourdes conséquences socio-politiques pour les décideurs, pour les médecins, pour l'avenir des patients, et pour les
chercheurs.
ACCIDENT DE TCHERNOBYL Dogme UNSCEAR, victimes, fatigue des pays donateurs
Les décideurs
La communauté des “pays donateurs”
- Au sommet du Millénaire, en septembre 2000 à l'ONU, le Président A. Loukachenko, Bélarus, a appelé la Communauté internationale à venir en
aide aux victimes de Tchernobyl pour permettre aux pays frappés par cette catastrophe d'en réduire les conséquences. Parmi les trois pays les
plus affectés par Tchernobyl, la république du Bélarus, un pays non nucléarisé, a subi deux fois plus de retombées radioactives que l'Ukraine
et la Russie réunies. Cela n'empêche pas l'UNSCEAR de maintenir que “pour l'essentiel, ils n'ont subi qu'une irradiation comparable ou légèrement
supérieure au bruit de fond naturel” (paragraphe 421).
- Comment mettre fin à la “fatigue des pays donateurs” qui a été déplorée par le représentant des Nations-Unies à Kiev, aussi longtemps que l'UNSCEAR
s'obstine à dire que “les seules conséquences ont été 1.800 cancers de la thyroïde chez les enfants et adolescents, et rien de plus”. Si “l'avenir
doit considéré comme globalement positif”, pourquoi dépenser l'argent des contribuables pour atténuer des maux et des risques inexistants ? Comment
le Bélarus, l'Ukraine et la Russie osent-ils encore solliciter de l'aide des pays donateurs ? En réalité, comme le Dr. L.E. Holm (UNSCEAR) l'a écrit
à Kofi Annan, leurs plaintes ne reposent sur aucune base scientifique et ne sont motivées que par des considérations économiques. Cette manière
d'inverser les faits et de culpabiliser les victimes, coupables de réclamer une aide financière indue, est pour le moins surprenante.
Les services de santé nationaux
- Après l'indépendance des Républiques de la CIS, des mesures de protection furent prises pour les populations des zones fortement contaminées :
certaines furent évacuées dans d'autres territoires, des fertilisants furent fournis aux agriculteurs pour prévenir la pénétration du Cs137 dans
la chaîne alimentaire, des compensations ont été versées aux victimes. Ces mesures coûtaient très cher à l'économie nationale, qui connaissait
une grave crise économique.
- Les affirmations péremptoires de l'UNSCEAR ont encouragé le gouvernement du Bélarus, à mettre fin entre autres aux évacuations pourtant
nécessaires, et à autoriser la recolonisation de territoires évacués, par des réfugiés d'Asie Centrale et du Caucase. Ces nouveaux colons
cultivent aujourd'hui des sols contaminés par 5 curies de Cs137 par km2.
- Ceci engendre de très graves problèmes pour la communauté des victimes, dont le nombre augmente sans cesse.
Les victimes de Tchernobyl
- 500.000 enfants et près de 2 millions d'adultes vivent encore dans des régions contaminées de Bélarus et, jour après jour, ces populations
incorporent des radionucléides, en particulier du Cs137 à partir des aliments qu'ils consomment. Dans ces régions fertiles, on produit de grandes
quantités de d'aliments qui sont distribués dans l'ensemble du pays, ce qui fait qu'il n'existe plus de région ayant une alimentation “propre” au
Bélarus.
- Heureusement, des scientifiques et des médecins dévoués, ignorant les assertions de l'UNSCEAR, travaillent pour la radioprotection des victimes
dans les trois républiques les plus touchées et ailleurs dans le monde. Ces chercheurs consacrent leurs vies à atténuer les douloureuses conséquences
des radiations. Cependant, il ne leur est pas possible de publier ce qu'ils voient quotidiennement, pour en informer l'opinion publique.
- Un jeune pédiatre de Minsk auquel nous demandions, en avril 2001, de publier ses observations, afin que le monde scientifique et l'opinion
publique prennent conscience de l'ampleur de la catastrophe, répondit : “Vous me demandez, en quelque sorte, de choisir entre publier les faits que
j'observe depuis des années ou exercer ma profession de médecin, responsable de ces enfants. Mon choix est fait ”. Il se tait.
- La situation des victimes de Tchernobyl en France, où 85% de l'électricité est d'origine nucléaire, mérite d'être rapportée : en mai 1986, les
autorités ont tout d'abord affirmé qu'un anticyclone avait protégé le pays d'une contamination radioactive par les retombées de Tchernobyl. Quand la
véritable situation météorologique a été connue, les autorités ont affirmé que les doses de rayonnements étaient si faibles, qu'aucune mesure n'était
nécessaire. Les enfants pouvaient jouer en plein air, boire le lait et autres produits laitiers frais, manger légumes et salades, les femmes enceintes
et nouveaux-nés n'avaient aucune mesure à prendre.
- Dans le même temps, nos voisins, d'Allemagne, de Belgique, d'Italie prenaient des mesures sanitaires. En Pologne de l'iode stable a été
distribuée aux enfants jusqu'à l'âge de 16 ans. Toutes ces mesures ont été qualifiées par les autorités françaises “d'hystériques et inutiles ”
- Des personnalités officielles, comme le Prof. Pellerin furent dépêchées en Union Soviétique, afin de ” rassurer “ les victimes et les autorités et
éviter des “évacuations inutiles”. Il s'agissait en effet, de manière urgente, de protéger l'industrie atomique, cette industrie qu'on désignera,
bien plus tard, comme “la seule véritable victime de l'explosion de Tchernobyl”.
- Une augmentation surprenante de l'incidence des cancers papillaires, généralement considérés comme radio-induits, apparaît en France dès 1989.
Dans la région du Tarn, l'incidence de ce cancer double de 1989 - 1995 chez les femmes. Chez les hommes, ce cancer qui augmente plus lentement,
apparaît néanmoins 20 ans plus tôt. Un cancer chez un jeune père a un impact plus lourd sur les familles qu'un cancer chez un grand-père qui a sa vie
derrière lui.
- Le premier mars 2001, 53 malades de la thyroïde, d'un âge moyen de 30 ans, ont ” porté plainte contre X. pour “empoisonnement et menace à leur
santé”. Leur plainte a été enregistrée et un juge d'instruction a été nommé. Depuis, plus de cent nouveaux malades se sont joints à cette plainte.
La publication des cartes de contamination de la Criirad ont montré l'étendue de la pollution de Tchernobyl en France.
- Tchernobyl n'ayant, selon l'UNSCEAR et les autorités nationales, entraîné aucune augmentation de l'incidence des cancers de la thyroïde chez
l'adulte, cette augmentation n'a pas été signalée aux praticiens. Les médecins non avertis, ont longuement traité de très nombreux patients pour
dépressions, fatigue chronique et troubles psychosomatiques, parfois jusqu'à l'apparition de métastases et une évolution irréversible de la maladie
thyroïdienne . Des examens simples comme les sonogrammes, les fonctions thyroïdiennes, entre autres, n'ont souvent pas été réalisés à temps.
Des médecins et scientifiques " politiquement incorrects "
- Pour maintenir le “Dogme” prêché par l'UNSCEAR, il est nécessaire de rejeter les études et les publications honnêtes et objectives qui le
contredisent. Le délégué de l'UNSCEAR a bien expliqué qui décidait “ ce qui doit être retenu et ce qu'il faut rejeter ”. Ceux qui décident sont
en fait les chercheurs des laboratoires de Los Alamos et ceux du Commissariat à l'Energie Atomique, fabricants de bombes atomiques ou promoteurs
déterminés de l'“Atome pour la Paix”.
- Le Tribunal Permanent des Peuples sur Tchernobyl a analysé les mécanismes par lesquels le lobby nucléaire tente de “promouvoir l'énergie
nucléaire par le mensonge, l'intimidation, et l'utilisation non éthique du pouvoir de l'argent”.
- Lorsque la validation est biaisée par des conflits d'intérêts aussi éclatants, cela interdit toute publication critique dans des revues
internationales ou nationales, des recherches non-orthodoxes, voire critiques. Pendant de nombreuses années, M Marcel Boiteux, Directeur
Général d'Electricité de France (EDF) a siégé au Bureau du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), où il décidait à qui iraient,
ou n'iraient pas, les fonds de recherche.
- Le Professeur Jean François Viel, un jeune et brillant épidémiologiste formé entre autres à Harvard, a trouvé une concentration
significative de leucémies de l'enfant à proximité immédiate de l'usine de retraitement française de La Hague . La publication de son étude a
été sévèrement critiquée et ses fonds de recherches ont été supprimés. On découvre en 2001 que les contre-expertises, lancées après cette publication,
et dont les résultats la contredisaient, étaient faussées.
- Dans les années 70, suite à son étude statistique sur les nouveaux-nés de faible poids et prématurés autour de centrales nucléaires, à partir des
registres officiels “Tri-State”, on a dit au Dr. Rosalie Bertell, lauréate du Prix Nobel Alternatif, qu'elle obtiendrait des fonds de recherche “à
condition qu'elle accepte de changer de sujet d'étude”. Depuis, elle n'a plus de crédits publics.
- Cependant le cas le plus récent et le plus scandaleux de harcèlement et de répression est celui du Professeur Youri I. Bandazhevsky, Recteur
de l'Institut Médical de Gomel (Bélarus).
- Le Professeur Y:I: Bandazhevsky qui a présenté 5 abstracts au présent Congrès , a réalisé des centaines d'autopsies d'enfants et d'adultes, décédés
après avoir vécu dans les zones contaminées. Par des mesures radia-métriques directes, il a montré que les différents organes humains concentrent
différemment le Césium 137. Il a mis en évidence des corrélations entre les concentrations tissulaires et les atteintes organiques. Il a décrit,
dans l'expérience animale et chez les humains, les lésions anatomiques et histologiques dans les organes qui thésaurisent le Cs137.
- Bandazhevsky a en particulier décrit la “Cardiopathie du Césium 137” chez des enfants très jeunes, décédés de “mort subite”. Il a également
observé que la concentration de Cs137 dans le placenta exerçait une influence néfaste sur l'équilibre hormonal mère/enfant et sur le développement
du foetus.
- Entre 1991 et 1999, le Professeur Bandazhevsky a dirigé 30 thèses sur les conséquences sanitaires de l'incorporation de césium ou de combinaisons
Cs137 et Sr90. Lorsque j'ai visité en 1997 son Institut de Pathologie, il avait préparé à l'intention d'une commission parlementaire venue de Minsk,
une collection de malformations foetales et d'enfants morts nés, collectés les deux dernières semaines. Ceci correspondait à ce que l'on observe
normalement au cours d'une année entière.
- Bien évidemment, ces résultats étaient absolument incompatibles avec le dogme propagé par l'UNSCEAR : “Aucun trouble néo-natal, augmentation des
malformations congénitales, des morts-nés ni des naissances prématurés, ne peuvent être associés avec l'exposition aux rayonnements suite à l'accident
(paragraphe 383)”
- Il fallait mettre fin d'urgence aux recherches de Bandazhevsky. Galilée devait soit abjurer soit être réduit au silence. Etant donné qu'il a refusé
de se conformer au dogme de l'UNSCEAR, il était logique que Bandazhevsky soit emprisonné.
- Le 7 juillet 1999, le Professeur Y.I. Bandazhevsky a été arrêté,emprisonné pendant 6 mois, puis consigné à domicile. Il est actuellement jugé par un
Tribunal Militaire à Gomel, accusé de corruption. Tous les témoins à charge se sont rétractés. Ils ont dit à la Cour qu'ils avaient émis de faux
témoignages, sous contrainte et menaces graves.
- Ceci montre que le dogme “politiquement correct” de l'UNSCEAR exerce une influence très négative sur les politiques internationales et nationales de
radioprotection, sur les victimes des rayonnements, sur la science en général et sur les médecins et chercheurs. C'est pourquoi cette position
scandaleuse doit être remise en question par les Organisations des Nations-Unies, par les états membres des Nations-Unies, les ONG et l'opinion
publique.
TCHERNOBYL LOBBY NUCLEAIRE conflit d'intérêt, radiations artificielles nuisibles
Conclusion
- Il est indispensable de libérer la recherche sur les effets des rayonnements sur la santé du conflit d'intérêts, actuellement imposé par le lobby
nucléaire.
- La Constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Chapitre II, article 2, prévoit que l'OMS “agit en tant qu'autorité directrice et
coordonnatrice, dans le domaine de la santé, des travaux ayant un caractère international… aide à former, parmi les peuples, une opinion éclairée en ce
qui concerne la santé” pour “amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible” (Chapitre I, Article 1).
- Dans le domaine des effets des rayonnements sur la santé, cet objectif est gravement menacé par l'accord (RES WHA 12-40), signé en 1959 entre l'OMS
et l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique (AIEA), dont l'objectif principal est : “d'accélérer et de développer la contribution de l'énergi
e atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde”.
- Entre autres limitations, particulièrement la confidentialité qui ne devrait pas s'appliquer aux effets des rayonnements sur la santé (Article 1
paragraphe 3), l'accord stipule que : “Chaque fois qu'une des parties se propose d'entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui
présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l'autre partie, la première consulte la seconde en vue de régler la question d'un commun accord”.
Cette phrase devrait simplement se terminer par : “informera l'autre”.
- Depuis des années, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) demandent un amendement de cet accord. La Suisse, soutenue par la Norvège et le
Canada, ont placé cette demande sur l'Agenda de l'Assemblée Mondiale de la Santé en mai 2001
- 15 ans après Tchernobyl, il est nécessaire de mesurer, sur le terrain, les doses de CS137 et d'autres radionucléides effectivement incorporées
avec la nourriture, et de voir comment ceux-ci se concentrent dans le corps. Il faut enregistrer les conséquences réelles des rayonnements sur la
santé.
- Comme l'a montré Bandazhevsky, aucun système ni organe n'est libre de Cs137, cela signifie qu'il faut étudier les atteintes des systèmes nerveux,
digestifs, immunologiques, hormonaux, reproductifs, excrétoire, cardiovasculaire, en relation avec les concentrations de Cs137 et publier les
résultats obtenus.
- Ceci changera nécessairement le modèle de risque dominant (modèle de Hiroshima) qui n'est pas pertinent pour Tchernobyl, ainsi que les normes
internationales de radioprotection. Le 26 avril 2001, le Parlement Européen a adopté une résolution sur Tchernobyl, “appelant les organisations
internationales à réexaminer le modèle de risque”.
- Il faut fournir une nourriture et un environnement propre aux populations, en priorité aux enfants, leur donner des additifs alimentaires
adsorbants pour réduire la concentration de Cs137 dans leur organisme.
- Il est aussi nécessaire d'étudier le rôle joué par le Strontium 90, par exemple en recueillant les dents de lait des enfants et en mesurant leur
contenu en Sr90. Etant donné que 500.000 enfants vivent encore dans des zones contaminées, cela représenterait des millions de dents de lait pour
une base de données de premier plan.
- Les calculs théoriques sur la base de reconstructions de doses incorrectes et de modèles de risques (cohortes de Hiroshima) inadéquats, ne sont
plus acceptables.
- Le 15 décembre 2001, deux organismes de santé publique français, l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) et l'Institut de Veille
Sanitaire (IVS), ont calculé sur la base des doses reconstruites et du modèle de risque actuel, qu'on pouvait attendre 65 cas de cancers de la
thyroïde en excès d'ici 2016. Ceci est inacceptable.
- Les centaines de malades de la thyroïde veulent montrer combien ces procédures d'évaluation dominantes sont inadéquates pour évaluer l'ampleur
réelle des effets de la catastrophe de Tchernobyl. 15 ans après Tchernobyl, il est temps de se baser sur les observations et les mesures directes,
et non plus sur des calculs et extrapolations théoriques.
- L'époque où la Sainte Inquisition persécutait Galilée pour ses découvertes scientifiques est révolue. La vérité sur les conséquences de Tchernobyl
sur la santé ne peut plus être dissimulée, comme cela était possible à la Renaissance pour la révolution de la Terre autour du Soleil. La science ne
doit plus être muselée par les intérêts commerciaux des promoteurs de l'électricité nucléaire. En tant que citoyens du XXIe siècle, il en va de notre
responsabilité.
- A l'égard des victimes de la catastrophe, nous devons empêcher tout nouveau Tchernobyl.
- Comme l'a déclaré en 1956 un groupe de généticiens de premier plan (Müller -Prix Nobel de génétique, Sievert, Lejeune, etc.) réunis en groupe de
travail de l'OMS à Genève : “Le patrimoine héréditaire est le bien le plus précieux dont l'être humain soit le dépositaire, puisqu'il engage la vie
de la descendance, le développement sain et harmonieux des générations à venir… Le Groupe est d'avis que de nouvelles mutations survenant chez l'homme
seront nuisibles aux individus et à leurs descendants…. Aussi doit-on, en principe, considérer que toutes les radiations produites par l'homme sont
nuisibles à l'être humain du point de vue génétique ”.
- Les sources artificielles de rayonnements doivent être isolées, et tout le cycle du nucléaire, y compris les centrales nucléaires, doit être arrêté
si la vie doit survivre sur terre.
Solange Fernex
Présidente de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section Française,
114, rue de Vaugirard
75006 - Paris, France
Références :
- Comité Scientifique des Nations-Unies pour les Effets des Rayonnements atomiques (UNSCEAR ), “2000 Report to the General Assembly, Annex J,
Exposures and Effects of the Chernobyl Accident”, UN New York 2000.
- Office des Nations-Unies pour la coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) : “Chernobyl, an ongoing catastrophe, UN, New York and Geneva, 2000.
- Jean-Michel Jacquemin : ” TCHERNOBYL : Aujourd'hui les Français malades ! “, Editions du Rocher, June 2001
- Tribunal Permanent des Peuples : Tchernobyl, Implications pour l'Environnement, la santé et les Droits des Personnes, Vienne, 12 - 15 avril 1996,
ISBN 3-00-001534-00000000.
- Viel, J.F. : “La santé publique atomisée. Radioactivité et leucémies, les leçons de la Hague”, Ed. La Découverte, 1998.
- Bandazhevsky Y.I.: 1. Incorporated Cs137 and pathology of the thyroid gland, 2. Radiocesium and congenital malformations, 3. Incorporated caesium
and cardiovascular pathology (with Bandazhevskaya G.), 4. Cs137 measures and public health, (with Nesterenko V.B.), 5. Medical and biological effects
of incorporated Cs137 in radioresistant human tissues, (with Nesterenko V.B and Ridal E.A).
- Parlement Européen : Resolution sur Tchernobyl, 26 avril 2001. 9. OMS : Effets Génétiques des Rayonnements. Rapports d'un Groupe de travail, OMS Genève,
183 pages, 1957
Note :
Le 18 juin 2001, Bandazhevsky a été condamné par un tribunal militaire à 8 ans de travaux forcés (Goulag) avec interdiction de lire et d'écrire, et 3
visites par an de sa femme, plus 5 années supplémentaires d'interdiction de travail et publications scientifiques ; Sa santé est gravement atteinte
(saignements digestifs, maladie cardiaque). Le 20 juin, le Vice-Directeur de l'Institut indépendant de Radiamétrie, Belrad a été trouvé devant sa porte
dans le coma, baignant dans son sang avec une tension très basse. Les médecins ont déclaré qu'il s'agissait d'une attaque ” professionnelle “, avec coups
de poing américains. Ses jours ne sont heureusement plus en danger, on craint qu'il ne lui reste des séquelles irréversibles (oeil).