document remis le 30 juin et 1 juillet 2004 aux ambassades de Suisse et de France à Minsk
(Le Dniepr - Septembre 2004)
Michel Fernex
Les pectines sont des sucres (polysaccharides) naturels, présents dans différents fruits. La pectine est utilisée par les cuisinières sous forme de sucre gélifiant pour les confitures.
En médecine, des comprimés de pectine purifiée ont été introduits par des firmes pharmaceutiques pour le traitement des intoxications aux métaux lourds comme le plomb ou le mercure. SANOFI aurait été la première à commercialiser cette préparation, mais d'autres firmes, en particulier en Allemagne, ont mise sur le marché ces produits naturels, additifs alimentaires qui ne peuvent pas être brevetés.
Deux firmes ukrainiennes ont développé la pectine de pomme pour le traitement et la prévention des maladies dues au Cs137 incorporé chez les enfants vivants dans les zones contaminées par les retombées de Tchernobyl. Une des firmes a introduit des comprimés effervescents de pectine de pomme au Belarus sous le nom de Yablopekt ®.
Le Prof. Nika Gres de Minsk a étudié l'efficacité et la tolérance de diverses préparations de pectine de pomme chez des sujets souffrant de saturnisme (intoxication chronique par le plomb). Ces préparations se sont avérées actives pour évacuer ce métal lourd, et bien tolérées. Elles n'entraînent pas d'altérations d'éléments nécessaires à l'organisme, comme le fer ou le cobalt.
Le Prof. Nesterenko a comparé les comprimés effervescents ukrainiens de pectine de pomme à des algues connues pour leur capacité de fixer le césium (spiruline), ainsi qu'à une préparation développée à Minsk, tirée des résidus séchés de pomme, obtenus après l'extraction du jus. Les experts du Centre de Recherche de la Commission Européenne à Ispra ont analysé cette préparation et noté qu'elle contient 15 à 16% de pectine. Mélangée à de l'eau ou du lait, cette forme galénique est mieux acceptée et tolérée par les enfants et au moins aussi efficace que les tablettes effervescentes d'Ukraine, et beaucoup plus efficaces que la spiruline. Ces résultats ont justifié le développement par BELRAD de cette poudre enrichie de vitamines et d'oligoéléments, sous le nom de Vitapect®. Vitapect® a été enregistré en Bélarus et donné aux enfants de villages fortement contaminés, pour des cures de 3 à 4 semaines. Environ 100.000 enfants du Belarus ont reçu cette préparation, avec un contrôle radiamétrique du Cs137 incorporé, avant et après la cure.
Des travaux expérimentaux ont montré que chez le rat, un régime alimentaire contaminé par le césium (Cs137) et le strontium (Sr90) entraînait une contamination des organes des animaux. Si de la pectine de pomme est ajoutée au régime alimentaire, il n'y a plus d'accumulation de radionucléides chez ces animaux.
Chez les vaches on utilise couramment un autre chélateur, le Bleu de Prusse (ferrocyanure), pour réduire la contamination du lait par le Cs137. Cette méthode agronomique est recommandée par l'AIEA. Cependant le fumier de vache, qui reste malheureusement nécessaire à la fertilisation des sols, est plus fortement contaminé par le Cs137. II s'en suit que les légumes et fourrages sont plus contaminés après fumure.
Nesterenko a démontré scientifiquement l'efficacité et la bonne tolérance de la pectine chez des enfants contaminés par Csl37 qui reçoivent un régime radiologiquement propre dans un sanatorium (voir Swiss Medical Weekly {www.SMW.ch}, février 2004). Cette efficacité, même en l'absence d'apport de Cs137 avec la nourriture, peut s'expliquer par une certains instabilité du Csl37 dans les tissus humains. La mobilité du Cs137 permet son évacuation progressive, en particulier par la bile, alors que la pectine prise oralement empêche la réabsorption immédiate du Csl37 parvenu dans l'intestin grêle.
Nesterenko a aussi démontré que 3 à 4 cures de 4 semaines de pectine par an, distribué aux enfants dans les écoles de villages hautement contaminés, parvenaient à maintenir la charge en Csl37 au-dessous du seuil de 50 becquerels par kilo de poids (Bq/kg), seuil à partir duquel Bandajevsky observe des lésions irréversibles au niveau du coeur, de l'oeil, du système immunitaire et endocrinien, ou d'autres organes. (Bandazhevsky Y.I. Chronic Csl37 incorporation in children's organs, SMW 133: 488-490, 2004 www.SMW.ch / Bandajevsky Y.I. & Bandajevskaya G. revue de cardiologie française CARDINALE Tome XV, No 8 p 40-43, oct. 2003).
Actuellement, dans les régions contaminées de Tchernobyl, 80% de I irradiation des enfants est interne, due aux radionucléides incorporés dans certains organes, comme les glandes endocrines, le thymus et le coeur, le reste étant externe.
Dès lors, il n'est plus admissible, du point de vue de l'éthique médicale, de mesurer de hautes doses de Csl37 dans les aliments, donc une forte charge dans l'organisme des enfants, sans leur fournir une cure de pectine (si ces enfants ne peuvent être évacués durablement). Ce serait comme trouver des bacilles de Koch dans les expectorations d'un enfant sans traiter correctement sa tuberculose.
Ne pas admettre un tel traitement, c'est aussi occulter les travaux de chercheurs qui ont démontré scientifiquement l'origine radiologique de graves maladies survenues suites aux retombées de Tchernobyl (Bandajevsky, Bandajevskaya, Veliseeva, Gres, etc. ainsi que plus de 10 autres enseignants de la Faculté de médecine de Gomel).
L'AIEA comme le CEPN (créé par EDF et le Commissariat à l'Energie Atomique), refusent de reconnaître la pathogénicité du Csl37 incorporé. En conséquence le projet ETHOS conduit par le CEPN a obéi à la loi du déni. Ainsi, comme disait le Prof. Ollagnon, agronome du groupe ETHOS : “Nous avons fait du bon boulot, mais les enfants sont de plus en plus malades”. La pédiatre de Minsk a confirmé à Stoline cet échec sanitaire lors du colloque d'ETHOS en novembre 2001. Elle constate une détérioration persistante de la santé des enfants et une augmentation des hospitalisations pour des maladies graves (10 fois plus qu'avant Tchernobyl). Cette détérioration sanitaire pendant les 5 années du projet ETHOS n'a pas connu de répit, même pas l'ébauche d'un palier.
II n'est plus admissible de continuer à refuser une protection des enfants contre la radiointoxication chronique au Csl37.
Dr. méd. Michel Fernex, Prof. honoraire,
Faculté de Médecine de Bâle